La tuerie de thiès la grève des cheminots du sénégal du 27 septembre 1938

(7 morts 125 blessés)
Alors que le Front populaire qui exerçait le pouvoir en France, depuis deux ans, était en voie de prendre fin et que l’Europe marchait à pas résolus vers la guerre, les cheminots du Sénégal appartenant à la catégorie des auxiliaires, victimes d’une conjoncture économique marquée par la détérioration de leur pouvoir d’achat, décident de quitter le syndicat unique dans lequel, les Cadres africains, les contremaîtres et les auxiliaires militaient jusqu’à présent. Ils veulent créer leur propre structure, au motif que la Direction du syndicat unique n’accordait pas suffisamment d’attention et d’intérêt à leurs préoccupations. Mais, leur démarche est mal interprétée, aussi bien par les leaders du syndicat unique, que par les autorités administratives et par celles qui président le chemin de fer. Leur décision alimente une tension au sein du réseau et débouche sur un mot d’ordre de grève prévue le 27 Septembre 1938, c’est-à-dire presque en même temps que les tensions internationales réunissent les pays européens à Munich. Lorsque la grève éclate, les autorités administratives font appel à la troupe qui recourt à la violence, provoquant la mort de 7 cheminots et 125 blessés. C’était la première fois que la classe ouvrière du Sénégal payait un tribut de sang à la lutte pour le progrès économique et social et pour la justice, à travers un enchevêtrement d’événements dans lequel interfèrent des intérêts politiques. L’émotion était telle que la classe politique sénégalaise et européenne s’impliquaient dans la crise. Les principaux dirigeants fuient leurs responsabilités, élaborent des théories partiales pour se justifier et éloigner d’eux, d’éventuelles sanctions. Les incidents deviennent, du même coup, une affaire opposant la Gauche à la Droite française et sénégalaise dans des combats fratricides. La tuerie de Thiès rend compte de cette page douloureuse de l’Histoire du mouvement syndical sénégalais à une époque où le droit des travailleurs et leur protection n’étaient pas toujours correctement respectés. Mais, cette expérience n’était pas inutile. Elle permit à la classe ouvrière naissante de prendre conscience de sa force et de ses faiblesses, de ses intérêts et de son unité, d’élever son niveau de conscience et de se préparer pour aborder des épreuves futures, au moment où la montée en puissance du fascisme, du nazisme et du militarisme va plonger le monde dans la deuxième guerre mondiale.

2019, HGS Editions

Période Contemporaine moderne

Iba Der Thiam

Professeur

On appelle nos pays des pays francophones, anglophones ou lusophones malgré le fait que 70 ou 80% des populations ne parlent pas ces langues. 80% de la population sénégalaise parle le wolof. Pourtant on ne dit pas que le Sénégal est wolofone mais francophone. A mon avis, c'est un abus de langage.
Joseph Ki-Zerbo

Contributeurs

Les auteurs des travaux

Pr. Rokhaya Fall

1ère Coordonnatrice Générale adjointe 

Pr. Babacar Diop

2ème Coordonnateur Général adjoint 

Pr. Iba Der Thiam

Historien

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