Notre histoire retrouve ici les ressorts de la longue durée qui établissent sa continuité et sa cohérence régionale. L’histoire que nous envisageons essaie de mettre en lumière la partie solidifiée du temps. « Le temps de l’histoire sans histoires >>. Trois auteurs ont déjà magistralement ouvert l’horizon par le nord et le sud. Omar Kane par le Fouta des Fulbé, Bathily par le Gajaaga, et Mamadou Mané par l’espace mandingue du Gabou. Nos trois auteurs ont magistralement couvert trois fronts historiques qui sont venus converger avec le fond sédentaire autochtone des terroirs que les langues locales rendent en kafou, diamano, ou lamanat. La mobilité irrépressible des populations et de leurs communautés a toujours débordé la rigidité des structures institutionnelles ou administratives et leurs délimitations par des frontières linéaires. La dynamique enracinée des personnes, de la faune, de la flore, de la pluie, du sol, des zones de transhumances et de chasse a défini, depuis des millénaires, à la fois l’environnement politique et l’identité culturelle des terroirs sénégambiens. Le territoire apparaissait comme la nouvelle forme politique de la souveraineté externe, de la souveraineté interne et de l’équilibre des pouvoirs qui pouvaient saper toutes les tentatives de construction d’une communauté historique cohérente. La rivalité, l’exclusion et la guerre étaient les règles qui prévalaient, aucun État ne reconnaissant plus d’autorité au-dessus de lui. C’est toute la complexité de ces questions et les lectures qu’elles induisent que cette collection, Prééminence du pouvoir politique et émiettement de l’espace: XVIe-XVIIe siècle, se propose de traiter.